La beauté est dans la simplicité...

Publié le par Mélanie Sorbets

Je suis fatiguée de lire des "Écrivains" aux propos alambiqués, aux phrases longues de 10 pages sans une virgule pour nous sauver, de mots désuets mal employés ou de tournures si mal engagées qu'elles sont prêtes à se rompre à tout moment, trop chargées de leurs joyaux de pacotille...

Dans quel but au fond ? Je me pose toujours cette question quand j'ose me lancer dans ce type de lecture.

Une envie folle de prouver à la terre entière que ces gens ont amassé tant de vocabulaire qu'ils en détiennent le pouvoir absolu, vous savez le merveilleux pouvoir du Dico d'Or ? Le besoin immédiat de se prouver à soi-même, aux lecteurs, à la famille, toute sa légitimité d'auteur ?

Et certainement beaucoup de très mauvaises raisons encore...

Il est pourtant si simple d'écrire. Écrire le vrai, le beau, le mal, sans fioriture, ni fanfreluche. Juste quelques mots bien calibrés, et surtout venu du seul organe qui puisse diriger une plume : le cœur.

C'est pour cela que j'ai choisi deux textes pour illustrer mon propos, de deux auteurs qui ne sont absolument pas écrivains mais qui pourraient l'être, très certainement, chacun dans leur genre.

Peut-être un jour qui sait ?

Tout d'abord celui de Nicolas Garreau :

"Il y a 4 mois, j'ai rallumé une vieille bougie. Une de ces bougies chauffe-plat qu'on croit épuisée mais qu'on laisse toujours en place dans le photophore. Ça fait moins vide et puis il reste toujours un fond de paraffine, on se dit que ce serait dommage de gâcher.
Il y a 4 mois, je n'aurais pas parié deux kopecks qu'elle tienne à nouveau toute une nuit. Une bougie éteinte depuis 10 ans, c'est tout ce que je lui demandais.

Depuis que j'ai rallumé cette vieille bougie, je me surprenais à ressentir la maigre chaleur qu'elle pouvait dégager. La chaleur d'une lueur, d'une vieille mèche qui brûle encore, même faiblement, un jour après l'autre.

Aujourd'hui tu n'aimes pas la chaleur de ma bougie. Sa minuscule flamme doit projeter des ombres bien grandes pour te faire si peur.

Je suis resté des heures à tenter de te deviner à travers cette faible lueur. J'ai soufflé la flamme, jeté ma vieille bougie. Elle n'aurait plus servi."

Puis celui de Julien Sorbets :

"Encore des visages fermés. Décidément il ne se faisait pas à la grande ville. Chaque matin, il lui fallait se faufiler dans le Shinkansen bondé qui parcourait Tokyo. Lui, le petit français provincial avait pourtant rêvé de la ville aux milles néons, avant de devenir un « expat' ».

Tout ce monde collé contre lui et pourtant si peu de contact ! Le pays des samouraïs ne lui avait offert qu'une foule compacte et silencieuse : les masses laborieuses ne voyaient même pas ses sourires amicaux ; s'il s'arrêtait un instant au beau milieu d'une rue, les anonymes le contournaient comme le rocher au bord de la rivière, sans un bruit. Sa gorge se serra une fois de plus.

Personne à qui parler, à part son patron, européen lui aussi. Besoin de discuter, de n'importe quoi, mais communiquer. Il sortit son téléphone, pianota sur le clavier. Une sonnerie, puis deux. Personne ne répondait. Le soir, sur le répondeur, son supérieur n'entendit qu'un cri de désespoir.

Il s'était jeté sur la voie."

Écrire, à mon goût, c'est exactement cela. Parce que cela sonne juste. Parce que cela nous touche, de plein fouet, sans avoir besoin de plus qu'un petit morceau de leurs âmes. Merci !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article